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jeudi 28 mai 2015

Flotte petit drapeau...


Le transfert au Panthéon, le 27 mai 2015, des cendres de Jean Zay , en même temps que de trois autres héros républicains, suscite aujourd’hui l’indignation de « patriotes » qui n’hésitent pas à rejouer la partition des fascistes français des années trente.


Une belle brochette d’associations patriotiques qui se défendent de « faire de la politique » font circuler une pétition pour s’opposer au transfert au panthéon des restes de l’ancien ministre de l’éducation nationale assassiné par la Milice en 1944. Ils ressortent à cette occasion un argument avancé par le concurrent direct de Jean Zay à une élection législative en 1932 : non seulement « ce ministre du Front populaire n’a été qu’une victime parmi d’autres » — « un point de détail », en somme !—, mais à l’âge de 19 ans, dans le secret de sa chambre, il a commis un poème pacifiste insultant le drapeau tricolore à l’ombre duquel tant d’hommes sont tombés pour des enjeux qui les dépassaient quand il n’a pas couvert de cruelles expéditions coloniales voire des répressions criminelles comme celle des Communards.
L’extrême-droite actuelle n’a pas manqué de saluer cette pétition. On peut lire sur le site de « Polemia »: « Jean Zay n’est ni un saint, ni un héros, juste une victime. Il n’est pas mort les armes à la main. Et comme ministre du Front populaire, il a participé au désarmement de la France, antichambre de la défaite de 1940. Ministre de l’Education nationale en 1937, il a aussi posé les fondements de la réforme de l’école dont nous subissons aujourd’hui encore les effets délétères. »
Comme l’écrit dans l’Opinion J.D. Merchet, spécialiste reconnu des affaires militaires,  « cette affaire est consternante. On peut, et même, on doit débattre des mérites de l'ancien ministre de l'Education nationale du Front populaire. On peut parfaitement estimer qu'il n'a pas sa place au Panthéon, sans être voué aux gémonies. Mais avant de prendre position, il faut travailler un peu et ne pas se contenter de réagir par simple réflexe passionnel ».

Une erreur de jeunesse?

Abreuvé pendant son enfance de littérature cocardière et de glorification quasi religieuse d’un drapeau dont l’extrême droite s’était déjà approprié, il avait écrit, dans le cadre d’un exercice littéraire entre étudiants, en réaction aux textes cocardiers dont on leur rebattait les oreilles, le poème qui suit où il exprimait avant tout son horreur de la guerre dont on venait de sortir.




Ils sont quinze cent mille qui sont morts pour cette saloperie-là.
Quinze cent mille dans mon pays,
Quinze millions dans tout les pays.
Quinze cent mille morts, mon Dieu !
Quinze cent mille hommes morts pour cette saloperie tricolore…
           
Quinze cent mille dont chacun avait une mère, une maîtresse,
Des enfants, une maison, une vie un espoir, un cœur…
Qu’est ce que c’est que cette loque pour laquelle ils sont morts ?
           
Quinze cent mille morts, mon Dieu !
Quinze cent mille morts pour cette saloperie.
Quinze cent mille éventrés, déchiquetés,
Anéantis dans le fumier d’un champ de bataille,
           
Quinze cent mille qui n’entendront plus JAMAIS,
Que leurs amours ne reverront plus JAMAIS.
Quinze cent mille pourris dans quelques cimetières
Sans planches et sans prières…
Est-ce que vous ne voyez pas comme ils étaient beaux, résolus, heureux
De vivre, comme leurs regards brillaient, comme leurs femmes les aimaient ?
Ils ne sont plus que des pourritures…
Pour cette immonde petite guenille !
Terrible morceau de drap coulé à ta hampe, je te hais férocement,
Oui, je te hais dans l’âme, je te hais pour toutes les misères que tu représentes
           
Pour le sang frais, le sang humain aux odeurs âpres qui gicle sous tes plis
Je te hais au nom des squelettes…
Ils étaient Quinze cent mille
Je te hais pour tous ceux qui te saluent,
Je te hais a cause des peigne-culs, des couillons, des putains,
Qui traînent dans la boue leur chapeau devant ton ombre,
Je hais en toi toute la vieille oppression séculaire, le dieu bestial,
           
Le défi aux hommes que nous ne savons pas être.
Je hais tes sales couleurs, le rouge de leur sang, le sang bleu que tu voles au ciel,
Le blanc livide de tes remords.
Laisse-moi, ignoble symbole, pleurer tout seul, pleurer à grand coup
           
Les quinze cent mille jeunes hommes qui sont morts.
           
Et n’oublie pas, malgré tes généraux, ton fer doré et tes victoires,
           
Que tu es pour moi de la race vile des torche-culs.

Une campagne antisémite ?

Le précédent secrétaire aux anciens combattant ne s’y est pas trompé, qui déclarait en mars 2014:
Vous fondez votre position sur un poème écrit par Jean Zay en 1924. Ce texte écrit dans sa jeunesse, à l'âge de 19 ans, n'était pas destiné à la publication. Il émerge en 1932, lors d'une campagne électorale et il est communiqué à la presse locale d'extrême-droite qui en fait un argument censé prouver l'appartenance de Jean Zay à "l'anti-France". Bien que Jean Zay s'en soit alors expliqué devant la chambre des députés, il est utilisé par une extrême-droite profondément antisémite pour dresser son procès politique. Il est ainsi publié en 1934 par la presse antisémite, celle-là même qui deviendra collaborationniste après la défaite, et ressurgira à chaque étape de la carrière de Jean Zay alors même qu'en votant le budget de la défense nationale, il manifestait son refus du pacifisme, sa lucidité et sa fermeté face aux périls extérieurs auxquels la France allait devoir faire face. Dès octobre 1940, les mêmes tentèrent de faire le procès d'une personnalité pourtant si viscéralement attachée à la France. C'est en effet Vichy qui le condamne à la dégradation et à la déportation (...). A travers Jean Zay, c'est un régime politique qui était visé, la République. Pourtant, tout dans le parcours de cet homme exemplaire devrait nous convaincre de sa légitimité pour entrer au Panthéon. (...) Ainsi donc, Jean Zay aura été un grand patriote et un grand républicain. Il réunit d'ailleurs aujourd'hui les républicains de droite -ainsi François Fillon en 2004 lui rendit-il hommage- comme de gauche. Je suis certain que l'évidence des mérites de Jean Zay vous conduira à reconsidérer la position que vous avez exprimée, et que vous serez sensible à l'incompréhension qu'elle a pu susciter chez les nombreux Français qui sont attachés à cette figure patriotique".

Seules, de rares associations ont retiré leurs signatures.
On peut s’interroger sur cette résurgence de la campagne des années 30 qui pilonnait le « juif » Zay (Converti au protestantisme de sa mère et agnostique de fait, il ne l’était que par son père).
Son opposant orléanais, lors des élections législatives de 1936, déclarait à ses électeurs  : "  La lutte n'est pas entre Jean Zay et Maurice Berger, si détestable que soit le ministricule du Torchon rouge : elle est entre la France et les tenants de l'étranger révolutionnaire, entre le Drapeau tricolore et la loque sanglante, entre l'ordre et le désordre . " Quant à Léon Daudet, le 16 juillet 1939, il stigmatisait l'action du " juif Torche Zay  " dans un éditorial de L'Action française consacré au ministère de l'Éducation nationale. Pour sa part, Céline, affirmait que " sous le négrite juif Jean Zay la Sorbonne n'est plus qu'un ghetto ". Tous ressassaient le thème de la corruption de la jeunesse par ce ministre juif, comme Marcel Jouhandeau, dans Le Péril juif en 1937 : "Mais la pire calamité, non seulement imminente, actuelle ; accomplie, réalisée déjà sous nos yeux, sans que personne ait seulement crié gare, c'est celle qui regarde l'éducation des enfants et des jeunes Français : M. Jean Zay, un Juif, a entre les mains l'avenir vivant de ce pays : il peut en pétrir à sa guise, à sa mode, la matière et l'esprit. Tout dépend de sa volonté et en effet il vient de réformer l'enseignement. [...]"  Ainsi l'on ne chante pas seulement l'Internationale dans les rues ; à l'oreille de l'enfant, à l'oreille du jeune homme, dans nos écoles, on fredonne d'autres paroles moins grossières sans doute, mais qui, pour être plus subtiles, n'en ont pas moins le même sens et les mêmes visées et peu à peu, quand on l'aura bercé de cette chanson, quand il aura oublié qu'il est Français, l'héritier d'un grand peuple et d'un merveilleux passé, devenu homme, il se réveillera l'esclave du Juif. " (cités par Olivier Loubes dans l’Histoire mensuel, de mai 2006) 
Consulter aussi http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_2001_num_71_1_1380
On sait le rôle néfaste joué dans les années 30 par certaines associations d’anciens combattants qui ont viré dans le fascisme puis dans le vichysme et la collaboration. On peut souhaiter que les signataires de l’appel contre la « panthéonisation » de Jean Zay n’aient pas suivi un chemin identique et qu’avec Roger Karoutchi, conseil régional UMP d’Ile-de-France et ancien ministre, il finissent par « lui reconnaître son rôle de grand républicain » mais aussi par approuver « un signe fort par rapport à la façon dont il a été tué ».
J’ajouterai qu’il conviendrait que les amis de ceux qui l’ont assassiné ne le tuent pas une seconde fois.

jeudi 12 février 2015

ECOLE


L'école en panne d'autorité


Quand notre société tousse, l'école éternue.


Les récents incidents ayant mis en cause de jeunes enfants se refusant à honorer les morts des dernières tueries de Charlie et du Super Cacher ont remis en lumière une des faiblesses de notre école : le déficit d'autorité. Rien ne va plus dans notre bonne république à cause de l'incorrection et de l'indiscipline des élèves dues à la démission supposée des professeurs, incapables de se faire respecter.

Dans son édito de Marianne du 30 janvier 2015, Jacques Julliard applaudit « au retour de l'autorité à l'école », dans le discours ministériel tout au moins, comme si cela se décrétait depuis les bureaux de la rue de Grenelle. Une autorité qui selon lui n'a rien à voir avec l'autoritarisme mais découle de la supériorité de celui qui sait sur celui qui ne sait pas. « la seule autorité que nous reconnaissons est celle du savoir et de la raison. » Un savoir qu'il conçoit comme « élaboré selon les règles de l'esprit scientifique ».

Tout cela est bel et bon mais si un professeur de mathématiques peut faire autorité dans sa matière, en quoi cela lui donne-t-il une supériorité dans une discussion d'ordre général ? En quoi un diplôme de l'enseignement supérieur en latin-grec donne-t-elle autorité à un enseignant pour discuter du sexe des anges ou de la longueur de la barbe de Mahomet ?

L'autorité ne se décrète pas. Certains enseignants ont la chance de pouvoir compter sur une autorité « naturelle ». D'autres savent établir leur autorité par un savant mélange de fermeté, de compréhension et de respect de l'élève… Mais en fait l'essentiel vient des enfants et du monde dans lequel ils vivent.

Dans l'école d'autrefois, comme dans la société, le respect de l'autorité allait de soi. Certains rebelles passaient outre mais ils étaient minoritaires et contaminaient rarement le troupeau. Des anciens aiment raconter que lorsqu'ils se plaignaient d'avoir reçu une gifle à l'école, ils en recevaient une autre en complément à la maison.

Nous n'en sommes plus là. Nous avons connu mai 1968. Pour le meilleur et pour le pire. Sous prétexte de respect de l'enfant, le laxisme s'est installé dans bien des familles avec le culte de l'enfant-roi. Et comme beaucoup de parents étaient aussi « savants » que les maîtres, ils ont voulu mettre leur grain de sel dans l'enseignement reçu à l'école par leurs enfants. Et le statut moral des enseignants s'en est trouvé diminué. En outre, le consensus social qui avait affermi la 3ème république a depuis longtemps volé en éclat. Et comme l'école s'est ouverte au monde, elle a importé bien des conflits extérieurs.

Par ailleurs, la notion de laïcité ayant été battue en brèche par une tendance au repli communautaire et l'ignorance des jeunes enseignants (Il est bien loin le temps des « séminaires laïques » qu'étaient les « écoles normales d'instituteurs »!) chaque élève prétend relever d'une autorité supérieure à celle du maître, d'autant que bien des parents dénient[1]à l'école tout rôle éducatif (l'éducation étant considérée comme relevant exclusivement de la famille)


Aussi, penser que l'autorité du maître puisse être restaurée au sein de notre système scolaire par la seule volonté d'une ministre relève, selon la formule de Jacques Julliard, « de l'incantation et de la magie ».


[1]
/ J'entendais (samedi matin 31/01) une docte intervenante dans une émission de Serge Moati sur LCP prôner, comme alternative à la ghettoïsation des établissements, l'imposition d'une plus grande mixité sociale dans les écoles. Elle oubliait l'existence de l'enseignement privé qui permet à ceux qui le souhaitent d'échapper aux promiscuités indésirables (c'est peut-être une des raisons de l'apparent accroissement des écoles juives permettant dans certains quartiers, à de jeunes juifs d'échapper aux brimades de jeunes antisémites...)

mardi 26 mars 2013

LA FIN DES INSTITUTEURS

La dernière classe


De 1984 à 1990, l'auteur, nommé à la direction d'une école à 5 classes d'une commune rurbaine de la vallée de la Basse Seine, a  exercé ses fonctions sans cesser d'enseigner. Il a connu les profondes mutations qui ont affecté l'école primaire au cours de l'ère Mitterrand, de l'échec de Savary aux bouleversements modernistes de Joël Jospin, en passant par Chevènement avec son Informatique pour tous et Monory avec ses maîtres-directeurs.

A travers ces mémoires on partage rétrospectivement la vie d'un de ces maîtres d'école ballotés entre deux époques avant de céder la place aux professeurs d'école qui, bien que forts de leur savoir universitaire de plus en plus pointu, auront bien du mal à empêcher l'école publique de doucement sombrer vers le fond des classements internationaux.

Les élèves de cette dernière classe ont à présent dépassé la trentaine. Certains, filles et garçons, sont devenus vendeurs, ouvriers, techniciens, vigiles, enseignants, ingénieurs, chefs d'entreprise
 Peut-être ne les a-t-on pas trop mal préparés à la vie

Le scorpion brun-Thebookedition.com
196 p. 14,8x21 Nombreuses illustrations en NB -15 € TTC 
ISBN: 979-10-92559-00-2

Commandes: atelier-du-scorpion-brun@laposte.net

dimanche 20 janvier 2013

NOSTALGIE


Une plongée dans le Pays de Caux d’autrefois

Philippe LHOMMET
Illustrations de Jean J. Mourot
Cauchois d’hier et d’autrefois
Scènes et récits de la vie cauchoise de 1900 à 1960
204 p. A5 TBE-Le scorpion brun 15
En vente sur le site www.thebookedition.com 
ou
à l’Atelier du Scorpion brun J.M. 622 bis rue de l’Essart 76480 YAINVILLE

Le Pays de Caux n’est plus à la mode dans notre littérature, comme si Maupassant en avait épuisé les ressources. On trouve difficilement ceux qui osent encore écrire des histoires cauchoises. Il subsiste bien quelques rares conteurs ou auteurs dramatiques qui perpétuent le patois cauchois. Mais les auteurs français semblent ne plus rien avoir à ajouter aux récits de l’abbé Alexandre ou aux contes de Robert Chouard et la disparition des éditions Bertout a privé les auteurs locaux des moyens de se faire éditer sur place.
Pourtant, cette péninsule française située entre Seine et Manche, ce plateau crayeux couvert de limon fertile sur une couche d’argile à silex que bordent de pittoresques falaises abruptes, a de quoi séduire, en dépit de sa forte pluviosité qui fait verdir les pâturages et mieux apprécier le soleil quand il daigne se montrer.
Plus encore que ses paysages, ce sont ses habitants qui méritent l’intérêt. Certes la spécificité cauchoise tend à s’effacer. La télévision plus que l’école a uniformisé les mentalités et l’ancien mode de vie rural a presque complètement disparu. Cela n’en rend que plus intéressante la démarche de Philippe Lhommet. Dans ses contes, il ressuscite un passé relativement proche, celui de son enfance, quand on utilisait encore les chevaux et qu’on n’avait pas abattu les hêtres des « fossés », ces talus qui protégeaient si bien les « masures » du vent et ...du regard des voisins.
Dans ce temps-là et en général dans les deux premiers tiers du XXème siècle, les villages étaient encore naturellement vivants. L’activité économique ne se concentrait pas encore dans les métropoles de Dieppe, Rouen, Le Havre. Les bourgs connaissaient encore les marchés ruraux où les paysans des environs venaient vendre leur production. Il y avait des « fêtes » où les jeunes gens faisaient connaissance, des foires aux bestiaux et des ventes aux enchères. Les écoles n’avaient pas encore été transformées en entrepôts. On ne prenait pas le car de ramassage pour aller apprendre à lire à des kilomètres de chez soi. On ne cuisait plus le pain, mais le boulanger passait avec sa camionnette. Il y avait une « boutique » dans chaque village et pas encore de supermarchés. Les églises avaient leur curé avec des enfants de chœur, des fidèles le dimanche et parfois même un suisse ! Sur la côte, les pêcheurs partaient encore pour de longue campagnes en mer, quelque fois jusqu’aux bancs de Terre-neuve, et les femmes de marins guettaient anxieusement le retour des bateaux.
 C’est cet univers que fait revivre avec humour le cauchois Philippe Lhommet. De son village natal de Saint-Pierre-en Port à sa résidence actuelle de Nointot , en passant par Bolbec, de la boucherie familiale de son enfance au collège où il a vu passer des générations d’adolescents comme professeur d’éducation physique, il est resté fidèle au Pays de Caux de ses ancêtres. Les personnages qu’il décrit, les anecdotes qu’il raconte, ne sortent pas de son imagination mais de ce qu’il a vu et entendu hier et autrefois. Lire ses contes, c’est pour les plus anciens retrouver une époque révolue et pour les plus jeunes, nos petits-enfants, découvrir le monde disparu dans lequel leurs grands-parents et leurs aïeux ont vécu, dans la peine et dans la bonne humeur, selon les caprices de la vie.

lundi 24 septembre 2012

Ah! les jeunes !



Comment on devient un homme ...

Paul Hislen
Illustrations de Jean J.Mourot
Sacré Pol !
Épisodes plaisants ou dramatiques 
d’une jeunesse mouvementée
des années vingt à quarante
240 pages illustrées-14,90 € TTC - ISBN : 978-2-8106-2464-5
Ed. Books on Demand-Atelier du Scorpion brun
Distribution SODIS-En vente en librairie ou en ligne sur Amazon.fr, etc.

Sémillant nonagénaire, l’ancien ingénieur ESTP Paul Hislen, s’il a dû débarrasser son bureau d’études de ses tables à dessin, n’en est pas moins resté actif, ne serait-ce que devant son ordinateur. Auteur de deux romans policiers, d’un ouvrage de réflexion dialoguée sur les transformations techniques qui ont bouleversé notre vie quotidienne ces cent dernières années et de neuf romans plus ou moins directement nourris de son expérience personnelle mouvementée et de sa riche expérience professionnelle, il a entrepris de revenir, par le truchement de son double, le jeune Pol Anicroche, sur des épisodes marquants de son enfance et de sa jeunesse.
Au soir de sa vie, son héros s’interroge : serait-il devenu un « Monsieur » ? Il lui semble pourtant ne pas avoir renié le petit garçon né au lendemain de la première guerre mondiale, en Allemagne occupée, dont les facéties faisaient le désespoir de ses parents.
     Dans cette succession de récits abondamment illustrés par Jean J. Mourot, ancien dessinateur satirique de l’École Émancipée, Paul Hislen évoque avec humour les péripéties cocasses, ridicules, ou dramatiques d’une enfance et d’une jeunesse tumultueuses. Il en a connu des déboires, le jeune Pol, notamment dans les années sombres de la seconde guerre mondiale, avant de trouver son équilibre et de devenir un homme plutôt qu'un "monsieur".

dimanche 17 juin 2012

Après l'hommage aux soldats d'Afghanistan


Soldats de métier
ou chômeurs dissimulés ?

Les obsèques solennelles des quatre derniers « morts pour la France » en Afghanistan ont amené certains à s’interroger : fallait-il une telle solennité pour des hommes qui n’avaient finalement été victimes que des risques du métier ? Ce métier, ne l’avaient-il pas choisi en toute connaissance de cause ?

Il est vrai qu’on en fait moins pour les nombreuses victimes des accidents du travail comme pour ceux que la pression hiérarchique amène à craquer et à se suicider.
Il fallait, en l’occurrence, montrer qu’ils n’étaient pas des soldats perdus, comme ceux d’Indochine de 1946-54, et qu’ils avaient participé à une mission sacrée au nom de la France et pour la sécurité des Français —une problématique contestable et d’ailleurs contestée.
Etaient-ils pour autant des soldats de métier qui avaient choisi d’aller au baroud en toute connaissance de cause et par gout de l’aventure et des amitiés viriles ? Une étude d’il y a quelques années montre que l’on s’engage le plus souvent par manque de perspectives professionnelles plus que par vocation guerrière.
On devient EVAT (engagé volontaire de l’Armée de terre) de 17ans et demi à 29 ans, sans aucune qualification pour 1200€ brut par mois au début, logé, nourri, en signant un engagement de 3 à 5 ans. La situation de VDAT (Volontaire de l’Armée de terre) de 18 à 26 ans est moins contraignante (engagement d’un an seulement, renouvelable quatre fois) mais aussi moins rémunérée (700€ brut par mois au début) avec la possibilité de passer EVAT au bout de 10 mois. <http://www.jobintree.com/metier/militaire-rang-armee-terre-798.html>.
Un slogan déjà ancien proclamait « l’Armée vous apprend un métier ». Et il est vrai qu’à part le métier de combattant à pied, elle donne à beaucoup l’occasion de se former dans la mécanique, les transmissions, le secrétariat, etc. L’armée permet ainsi d’échapper au chômage mais elle offre aussi une reconnaissance sociale et une stabilité dans l’emploi qu’on trouve de plus en plus difficilement dans le civil.
Jean-François Léger, de l’observatoire social de la Défense notait déjà il y a quelques années : <http://www.cairn.info/revue-francaise-de-sociologie-2003-4-page-713.htm>
 « Les contrats proposés par les armées offrent aux jeunes une certaine sécurité statutaire. Comme l’ont expliqué la plupart des jeunes rencontrés dans les centres d’information des armées, ces contrats sont « solides ». En dépit de leur durée déterminée (...) , ils acquièrent dès lors un aspect éminemment sécurisant : les jeunes savent pour combien de temps ils sont recrutés et n’ont pas le sentiment que leur contrat sera remis en cause pendant sa durée. La notion de précarité n’est donc pas associée aux contrats d’engagés volontaires. Ils constituent une réelle garantie statutaire et permettent aux jeunes de se sentir « dans la peau » d’un véritable salarié. En effet, les statuts qui leur sont bien souvent offerts sur le marché de l’emploi civil rendent difficile leur affirmation sur le marché du travail. (...) Ces contrats leur donnent l’impression de rester en marge du marché de l’emploi, d’être des « intermittents » du travail, et non des actifs occupés à part entière. Nombre d’entre eux peuvent alors développer le sentiment que leur rémunération est une forme d’obole, et non la contrepartie équitable de la mise en œuvre de compétences. »
Il rapporte ainsi ce témoignage d’un jeune soldat :« Par rapport à ce que je fais [des petits boulots, sous la forme de contrats plus ou moins formalisés], à l’armée, on a un contrat. C’est un salaire qui tombe tous les mois, on n’est pas obligé d’aller pleurer en fin de mois pour avoir la paye. Parce que des fois, on te paie “au black”, t’as l’impression d’être un voleur, alors que t’as juste fait ton boulot. Alors que là, l’armée, c’est quand même vachement carré, t’es reconnu, c’est un plus, c’est sûr. C’est une garantie. De ce côté-là, l’armée, c’est “clean”. On bosse, on est payé, il n’y a pas d’embrouilles. »
Et JF Léger de préciser : « La place occupée par l’institution militaire au sein de la société et sa permanence historique contribuent fortement à crédibiliser les contrats offerts par cette dernière et à leur conférer un caractère sécurisant. L’armée a toujours existé, et cette existence ne saurait être remise en cause. Elle n’est donc pas dépendante des aléas socioéconomiques, comme l’est le monde de l’entreprise. Être militaire, c’est, en quelque sorte, être protégé du risque de licenciement économique. En ce sens, le fait de s’engager est, d’un point de vue strictement contractuel, sécurisant : en s’engageant, les jeunes savent que leur statut est garanti. Cette sécurité contractuelle se double d’une rémunération qui est compétitive par rapport à ce que propose le marché du travail civil (Mattiucci, 2001). La solde proposée aux militaires du rang (sans compter les primes à l’engagement, les avantages en nature tels que le logement ou les repas) se situe au-dessus du revenu médian des salariés âgés de 15-24 ans (854  en 1999)  [Source : Insee, Enquête Emploi 1999], tandis que les engagés volontaires perçoivent chaque mois une solde supérieure à 1000 ).
Evidemment, il y a toujours des idéalistes et des têtes brulées, des amoureux des armes et de l’aventure mais on trouve plutôt les premiers chez les officiers et les derniers dans des corps spécialisés comme les paras de la Légion ou de l’Infanterie de Marine.
Quoi qu’il en soit, le plus antimilitariste des citoyens ne peut se réjouir de voir ces jeunes gens se faire tuer pour des causes perdues dont la légitimité n’est pas toujours évidente. On devrait laisser tous les va-t-en-guerre revêtir l’uniforme et aller risquer réellement leur vie au lieu de risquer, comme trop souvent, celle des autres.

mardi 5 juin 2012

Regards sur une terre humaine



Changez d'horizons !



Un nouveau livre 
de Jean J. Mourot



Avec « Regards sur une terre humaine-Japon, Arctique », Jean J. Mourot revient sur des entretiens qu’il eut il y a vingt ans avec deux personnalités qui ont continué depuis à tracer leur sillon.

Ces deux chercheurs au CNRS n’ont pas eu le même destin.

La première, Laurence Caillet, après un long séjour au Japon dont elle a ramené son livre aujourd’hui introuvable, « La maison Kamazaki » est restée une discrète chercheuse du CNRS où elle a continué sa carrière de spécialiste du Japon, dirigeant encore récemment de nombreuses thèses sur ce thème.

Le second, le très médiatique Jean Malaurie a continué à labourer les terres arctiques et à œuvrer auprès des autorités compétentes à l’émancipation des peuples du Nord, qu’ils dépendent du Canada, du Danemark ou de la Russie, pays dans lesquels il est reconnu et écouté.

Au cours des deux longs entretiens que l’auteur a eu avec eux en  1991 et 1992, publiés peu après dans la revue syndicale et pédagogique « l’Ecole Emancipée », à l’époque où s’y cotoyaient  sans trop de problèmes les militants radicaux du monde éducatif, ces deux chercheurs ont eu l’occasion de développer leur vision qui du Japon de l’époque, qui de l’avenir des peuples arctiques, tout en revenant sur leurs expériences passées.


L’essentiel de leurs témoignages demeurant étonnamment actuel, leur réédition ne manquera pas d’intéresser ceux qui ne se résolvent pas à sacrifier l’humain au productivisme et au profit de quelques uns. D’autant que le compte-rendu de ces entretiens est suivi d’un regard actuel sur le Japon d’aujourd’hui et sur la situation des peuples arctiques en ce début du XXIème siècle.

Illustré de nombreux documents iconographiques, ce petit livre se lit facilement.

Prix : 7,50 € +port

POUR SE PROCURER LE LIVRE

Par Internet
Books On Demand : http://www.bod.fr/bodshop.html
Editions du Scorpion : edition-du-scorpion@laposte.net
 Port : 4,22 €


Par la Poste
Jean Mourot - Editions du Scorpion
622 bis rue de l’Essart 76480 YAINVILLE
Port: 2 € (écopli) ou 2,50 € (lettre verte)